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Photo du rédacteurart+art Galerie

Exposition Photo "A Nu" de Séverine Deluc

Dernière mise à jour : 19 déc. 2023

Le regard d'une artiste collectionneuse de salles de bains





Depuis tant d’années je collectionne les salles de bains. Je les photographie. Leur série ne cesse de s’allonger en sous-séries. Comment les classer ? par taille ? style ? matières --bois, céramique, pierre, métal chromé ? avec ou sans douche ? avec ou sans baignoire ? neuves ou vétustes ? pour célibataire ou famille nombreuse ? sobres et impeccables ou encombrées ? 


Je sélectionne mes préférées, les indiscutables, et l’évidence est là : la couleur est le seul dénominateur commun, le critère pur, éloigné de tout jugement esthétique ou moral. Je repousse la tentation sociologique, je n’établirai pas une Physiologie des salles de bains. Je les classe par nuances et je peux maintenant faire défiler leurs images en rêvant sans fin.




D’où me vient ce goût ? Pour prendre ces photographies, j’entre dans le lieu le plus privé d’une habitation, qui comporte sa part d’ostentation avec ces savons parfumés sculptés en forme de rose, ces essuie-mains d’invité aux galons brodés : serait-ce du voyeurisme, l’envie de découvrir l’envers du décor, les secrets intimes insoupçonnables dans les salons ? S’imaginer des histoires, connaître les vies des autres ? Mais cet appétit romanesque, n’est-ce pas aussi l’envie de me projeter dans une vie autre, m’imaginer, moi, dans cette baignoire rose extravagante ou, droite dans mon tailleur pied de poule noir et blanc assorti au carrelage, vérifiant ma coiffure impeccable avant une matinée surbookée ? La salle de bains, cocon chaud et parfumé, au seuil des jours inconnus et des nuits mystérieuses, le lieu où l’on se met à nu pour changer d’identité…


À considérer ma collection, l’univers de la salle de bains « détente, soin, plaisir du corps » comporte aussi ses sournoises tensions, trahies en muettes incongruités : combat entre l’intime et la représentation ; conflit entre le désir d’hygiène, de propreté, de rangement et le besoin de se rassurer en s’entourant d’objets familiers, de souvenirs et d’une myriade de produits dont on espère l’efficacité magique : crèmes lissantes, anti-rides, éclaircissantes, matifiantes, bronzantes, repulpantes, contour des yeux, contour des lèvres, jamais contour des oreilles, huiles, teintures… Même la salle de bains à la mode, fût-elle en outre épinglée « technique, design, harmonie », trahit par un menu détail l’humain qui s’y dénude.

Trêve de réflexions, je vous invite à venir prendre un bain de photo.



Texte de Claire Lesage, conservatrice générale des bibliothèques, pour Severine Deluc






 

Séverine Deluc





Passionnée de cinéma depuis sa jeunesse, Séverine Deluc se faufile sur les plateaux dès qu'elle a un instant, entre 2 journées de cours.

Persuadée qu’elle veut vivre de cet art, elle passe une licence d’études cinématographiques et audiovisuelles à Paris VIII, et participe à des cours magistraux avec de nombreux collaborateurs des cahiers du cinéma, Jean Narboni, Serge Lepéron, Jean Henri Roger avec qui elle tournera son premier court métrage en film super 16.


Elle entre dans la vie active comme assistante à la réalisation, entre autres auprès de Jean Pierre Jeunet et Marc Caro, puis sur les programmes de Canal+, Groland, les Guignols, Karl Zéro…


Dans les années 2000, elle se forme à la réalisation de documentaire au sein des Ateliers Varan, école du cinéma du réel, souhaitant intégrer à son travail une dimension plus personnelle, humaine, et aller à la rencontre des gens comme elle a toujours aimé, et vers une diversité de paysages, d’architectures.


Afin d’être en total autonomie avec cette nouvelle orientation, elle se perfectionne en étudiant en 2008 la technique du cadre et de la lumière à l’école des Gobelins et part explorer de nouveau monde avec sa caméra.


Mais c’est avec la photographie qu’elle arrive à raconter ce qui la touche, simplement capter l’instant et le restituer, le transmettre, sans filtre.

Là aussi elle décide de se perfectionner à la photo en 2015 au sein de la Nikon school.


Très rapidement son travail sera marqué par la série, la répétition. Cela peut se traduire par un style ou par un détail, une couleur, une forme, qu’elle reproduira.


Parallèlement à son travail de photographe, petit à petit elle fera se communiquer l’ensemble de ses centres d’intérêts en passant chargée de repérages, pour des longs métrages principalement avec des réalisateurs de renoms.


 

A Nu

Séverine Deluc


23 novembre au 3 décembre 2023

14h - 19h

Tous les jours en présence de l’artiste


Vernissage

23 novembre

18h - 21h





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